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La crise amazonienne donne un coup de pouce à la bio-économie

This is a reprint from a lesechos report.


Des investissements verts sont mis en valeur, alors que des scientifiques tracent la voie vers une « Amazonie 4. 0 ». Une PME créée par un Français, qui exporte de la pulpe d’açaí vers l’Hexagone, prépare l‘inauguration d’une usine de transformation de ce fruit d’Amazonie dès l’année prochaine sur l’île de Marajo.

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« S’ils rasent toute la forêt, je vais devenir milliardaire ! ». Pince-sans-rire, Marcello Guimarães est à la tête d’un projet de reboisement dans l’Etat de Roraima, en Amazonie. Il est l’un des nombreux entrepreneurs qui se sont lancés dans l’aventure agro-forestière et offrent une alternative à la déforestation . L’objectif de Mahogany Roraima est double : planter et vendre de l’acajou (africain) d’une part, et reboiser 10.000 hectares de zones dégradées d’autre part. « Il est possible de trouver des solutions de développement rentables pour éviter la destruction de la forêt », affirme ce scientifique installé depuis huit ans en Amazonie. « Il faut absolument donner une fonction économique aux gens qui vivent sur place. Le problème actuel de la déforestation, ce n’est pas seulement les grands propriétaires qui détruisent la forêt, ce sont les familles qui déboisent leurs parcelles de terres petit à petit, 60 hectares, 120 hectares… et qui vendent ensuite leur bois à un prix dérisoire, juste pour survivre. Et ensuite, ils mettent le feu pour faire place nette », explique Marcello Guimarães. Sur sa plantation d’un millier d’hectares, il a recours à l’intelligence artificielle pour « surveiller » l’état de la forêt et identifier l’apparition de maladies.

Industrie 4.0

L’avenir de l’Amazonie passe-t-il par la quatrième révolution industrielle  ? C’est justement la thèse que soutiennent les scientifiques brésiliens Carlos et Ismaël Nobre. « Il est possible de mettre sur pied des chaînes de valeur à partir de produits de locaux grâce aux nouvelles technologies de la quatrième révolution industrielle », avancent-ils dans un essai sur « l’Amazonie 4.0 », récemment publié dans la revue Futuribles (version portugaise). Il y a encore beaucoup à faire, reconnaissent-ils, car « l’Amazonie demeure dans une large mesure déconnectée des centres d’innovation technologique 4.0 et de la bio-économie ».

De l’acajou à l’açaí

Les frères Nobre citent l’exemple de l’açaí, un fruit de l’Amazonie particulièrement énergétique, dont les rendements se situent « entre 200 et 1500 dollars par hectare par an », selon le mode de production employé. Soit « le cas le plus éloquent de succès des produits agro-forestiers », soutiennent-ils.

C‘est sur ce créneau que s’est lancé le Français Damien Binois, fondateur de Nossa Fruits, une petite PME qui exporte de la pulpe d’açaí vers la France et prépare l‘inauguration d’une usine de transformation de l’açaí dès l’année prochaine sur l’île de Marajo. « C’est une région très pauvre, et on veut prouver qu’il est possible d’avoir une activité économique viable dans cette région, explique Damien Binois. L’enjeu, c’est de montrer que la forêt debout peut rapporter davantage que si on la rase et que l’on met des vaches à la place ».